dimanche 15 juillet 2012

Est-ce Pelette, ou Est-ce Pelote basque?


Il est exactement 12h19 lorsque le TGV 8505 en provenance de Bordeaux s'immobilise à l'heure prévue en gare de Saint Jean de Luz, le vendredi 7 juillet 2012.

Lourdes n'étant pas extrêmement loin, les miracles peuvent donc se produire ici aussi!

Alain et Georges, sac sur le dos, posent le pied sur le sol basque. Leurs regards se portent tout de suite vers la chaîne des Pyrénées et plus particulièrement vers l'Artzamendi, sommet proche du Mondarrain.

Le Mondarrain, sommet mythique et objet de tous les désirs des inscrits à la course des crêtes d'Espelette!

Pour l'instant, il est plutôt question de platitude pour rejoindre leur hébergement le long de La Nivelle.

A cause de leurs sacs à dos ou de leurs aspects de randonneurs, ils sont plusieurs fois interpellés et questionnés sur leur pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle. A leur réponse négative correspond, immédiatement, un désintérêt total des questionneurs! Pas question cependant de continuer le chemin pour faire plaisir aux autochtones!

L'après midi est occupée par les courses pour le ravitaillement, un passage en pharmacie pour soigner la rhinite allergique (à l'herbe tondue ou à la tondeuse?) d'Alain, une petite balade dans la plus belle ville du monde (d'après Georges), et enfin un dîner à base de sucres lents.

Nuit calme pour Georges, en pointillé pour Alain pour cause de cathare bronchique!

Vers 9h15, samedi 7 juillet 2012, leur splendide limousine Renault Mégane de 1996, plus proche du blindé revenant d'Afghanistan que d'un exemplaire sortant des usines de Boulogne-Billancourt, récupérée sur leur lieu de résidence, trouve une place sur un petit parking proche de la ligne de départ à Espelette.

Beau temps et chaud. Sera-ce la canicule?

Pour le moment, il faut attendre le départ.

Au calme olympien d'Alain, s'oppose l'état d'angoisse de Georges: ira-t-il jusqu'au bout? Le tendon d'Achille (mais qui lui appartient aussi) va-t-il résister au Mondarrain?

Enfin, cela fait déjà un bon moment qu'il n'a plus l'ombre d'un ongle aux doigts de la main (heureusement qu'il est chaussé car on pourrait craindre le pire!).

Enfin, un quart d'heure sépare nos deux comparses du départ. Tous les coureurs essaient de trouver un peu de frais sous les platanes à côté de la ligne.

Il fait chaud, très chaud. Pas la canicule, dit Alain, mais pas loin!

Enfin le départ est donné. A ce moment là, l'intention de nos deux héros est de rester jeunes et beaux comme au départ tout le temps de la course, et de vivre une belle aventure.

Et elle le sera, belle!

Pour ceux qui connaissent le parcours, point n'est besoin de le décrire, ils regretteraient de ne pas être venus. Pour les autres, il faut leur dire de venir faire ce trail à dimension humaine comme indiqué sur la publicité. Le parcours est dur, mais pas hors normes.

Route au départ en descente puis légère montée, puis chemin, puis route à nouveau, et encore chemin avec l'ascension du Mondarrain.

Ascension, pas tout à fait, car le parcours bifurque à quarante mètres du sommet.

Qu'à cela ne tienne. Deux coureurs quittent le parcours balisé et passent par le sommet au risque d'être disqualifiés, les seuls à se permettre de perdre dix minutes pour avoir l'extrême bonheur de faire un panorama de 360° au sommet.

Et devinez qui c'était!!!!

Georges, qui pourtant est originaire de la région, découvre ce point de vue avec émotion.

Si vous venez un jour faire cette course, s'il fait beau, permettez-vous ce petit crochet, vous y gagnerez beaucoup.

Bien sûr le Mondarrain est la plus grosse difficulté, mais à la suite quelques "taumuches", comme on dit dans le Poitou, savent se faire respecter avant la descente vers Espelette où un dernier raidillon attend le coureur avant l'arrivée.

Tout au long du chemin, musiques, chants, ravitaillements, encouragements, mais aussi surprises. La plus forte, pour nos deux comparses, est celle produite lors du dépassement d'une concurrente.

Je vous reconnais moi leur dit-elle! Vous étiez à Millau cette année!

Ah non!

Alors c'était à !!!! ou à !!!!(L'accent de la petite dame rend les noms incompréhensibles)

Je vous connais pourtant, vous êtes bien jumeaux tous deux?

Malgré la réponse négative, le doute doit toujours subsister dans la tête de la dame! (Peut-être était-elle dans le rouge à ce moment là!)

Vers le onzième kilomètre, une légende raconte qu'une concurrente, il y quelques années déjà, aurait eu la surprise de voir des bergers tondre un chien! Nous resterons discrets sur son identité car il paraît que ce qu'elle n'aurait pas vu à ce moment là ce sont, tout près, les moutons pliés en deux de rire!

Lors d'un ravitaillement un peu en manque de… ravitaillement, Alain essaie de régler un incident diplomatique provoqué par les remarques de Georges en disant que pourtant celui-ci est basque, exilé en Poitou –Charentes certes, mais rapatrié par lui aujourd'hui pour cette course.

Rien n'y fait!

La dame du ravitaillement: Et bien vous auriez mieux fait de la laisser là-bas!!!

Bon, on a compris! Soit il faut être dans le peloton et on a à manger ou si on traîne un peu on suce les cailloux! (exagération de l'auteur)

On fait quand même un gros "muxu" (bisou en Basque) à cette bénévole qui n'y est pour rien!

La course des crêtes c'est aussi partager des moments avec une mouette rieuse posée sur un béret, posé sur la tête d'une mamie, bon train bon œil.

Restera-telle rieuse jusqu'au bout?

Il faut espérer qu'elle ne soit pas prise pour une palombe, car l'endroit est un coin de chasse au vu des palombières installées aux différents cols.

Comme on peut "prendre son pied" en courant, Alain au quinzième kilomètre se prend le sien dans un caillou qui l'amène à effectuer un double salto avant avec un atterrissage dans les ronces. Plus de peur que de mal, mais pas mal de griffures.

Tel Jésus Christ, il poursuit son chemin de croix, saignant de partout!

Georges, toujours fidèle à ses crampes dont il a le secret, attend le dix-huitième kilomètre et les cinq cents derniers mètres pour mettre un peu de piment (comme c'est drôle!) à sa course!

Enfin, sous des tonnerres (l'orage menace effectivement en cette fin de course) d'encouragements et d'applaudissements Alain et Georges, main dans la main termine cette vingt-cinquième édition de la course des crêtes d'Espelette.

Le classement????

C'est quoi ça?

La chance de pouvoir courir dans un cadre aussi beau, baigné de soleil et rempli de l'accent basque est déjà une récompense suffisante.

Alors le cassement…

G.G. correspondant local de la gazette des Galopins.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire